18 ans de Romancing SaGa

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Saga, une licence beaucoup moins connue que celle des Final Fantasy ou autre Dragon Quest et pourtant, elle prend à contre-pied tous les cadors du RPG à la japonaise. Né de l’esprit du génial Akitoshi Kawazu, la série s’est illustrée par un gameplay atypique, novateur et terriblement difficile. Initiée sur GameBoy puis sur SuperNES, PSOne et enfin PS2. Retour, à l’occasion de la majorité de Romancing SaGa, sur la trilogie inventive de la Super Nintendo. Ah… SaGa… une licence qui prend à contre-pied tous les cadors du RPG à la japonaise. Né de l’esprit du génial Akitoshi Kawazu (à qui l’on doit également Final Fantasy Crystal Chronicles et Legend Of Mana), la série s’est illustrée par un gameplay atypique, novateur et terriblement difficile. Initiée sur GameBoy puis sur SuperNES, PSOne et enfin PS2, la série est l’une des franchises les plus longues du géant du RPG Squaresoft puisque le dernier soft de la série (même s’il n’est qu’un « remake ») date de 2005. Retour, à l’occasion de la majorité de Romancing SaGa, sur la trilogie inventive de la Super Nintendo.

 

L’avant

Pour comprendre l’esprit de la tête pensante du projet, projetons nous en arrière. En 1987, Squaresoft est une petite entreprise au bord de la faillite. Pour relancer son entreprise, Hironobu Sakaguchi décide de se donner corps et âme dans un dernier projet nommé Final Fantasy. Tout le monde connaît cette histoire, qui fait rêver bien des éditeurs de nos jours. Le jeu sauva Square des eaux et le fit même principal concurrent d’Enix, papa des célébrissimes Dragon Quest.
Cependant, l’une des nouvelles recrues de Square, en 1988, n’est pas grand fan de ce genre de RPG. Tout est scénarisé, et les joueurs sont guidés sans qu’on leur dise (oui, car la « liberté » dont vous êtes si fiers avec vos quêtes annexes, c’est du pipeau, vous n’êtes absolument pas libre du tout !). Il propose donc à Mr Sakaguchi une nouvelle franchise, nommée Makai Toushi SaGa qui miserai plutôt sur une liberté cette fois-ci réelle, plus proche des RPGs occidentaux. Ainsi sort le premier épisode de la série SaGa.

 

La trilogie Makai Toushi SaGa

Malheureusement, le soft sorti sur GameBoy en 1989 (mieux connu sous le nom de The Final Fantasy Legend pour des raisons commerciales évidentes aux USA) est loin d’être ce qu’avait pu espérer Mr Kawazu. Tout d’abord, l’aventure est finalement scénarisée, autant qu’un soft traditionnel de J-RPG. Cependant, là où la plupart des jeux innovent peu, la série a su réinventer la manière de jouer.
Ainsi donc, nous avons dès le début le choix de 4 personnages de différentes races : Humains, Mutants et Monstres. Chacune de ces races possède leur caractéristiques propres : les Humains, sans talents particuliers, deviennent des combattants polyvalents. Les Mutants sont un peu comme les Humains mais sont capables d’apprendre quatre talents particuliers. Enfin, les Monstres évoluent en mangeant la viande d’ennemis rencontrés. A la différence de beaucoup de RPG à cette époque, le système de combat prend en compte la durabilité de votre équipement. Ainsi, vous pouvez attaquer 50 fois avec une rapière par exemple, jusqu’à ce qu’elle ne se brise. Ce système est réutilisé dans la plupart des épisodes de la série et sera étoffé au fur et à mesure.

Les combats dans SaGa 2

Le deuxième épisode, SaGa 2, possède également ce système, mais sera enrichi d’un système de MAGI qui poussera le vice un peu plus loin, surtout qu’un deuxième épisode a surpris tout le monde, vu les relativement faibles ventes du premier opus. On notera également l’apparition d’une nouvelle race, les Robots, qui peuvent être « customisés ». Le jeu trouve rapidement son public et c’est totalement mérité, ce deuxième épisode étant probablement le meilleur de la trilogie GameBoy.
En 1991, sort SaGa 3 et là un choc vient percuter les fans des deux premiers opus. Tout d’abord, Kawazu n’est pas aux rennes de cet épisode et cela se ressent : finis les races, nous faisons maintenant place à des personnages qui ont déjà une histoire et qui vont se greffer à l’équipe pour satisfaire leurs propres objectifs. Deuxième choc quelques temps plus tard lorsque l’on se rend compte que c’est la team à l’origine de cet opus qui développe Final Fantasy Mystic Quest sur SNES. Vu les gros points communs des deux softs, les joueurs ne peuvent s’empêcher de penser que SaGa 3 était une version bêta de Mystic Quest et cela nuit grandement à la popularité du jeu. Troisième et dernier choc, le jeu n’a rien à voir avec ses prédécesseurs : pas de durabilité pour les armements, ce qui change radicalement le gameplay.

 

Romancing SaGa, un nouveau cap

L’arrivée de la Super Nintendo sur le marché bouscule l’histoire du jeu vidéo. Kawazu, ayant réalisé que la petite portable de Nintendo ne suffirait pas à satisfaire ses ambitions d’un monde ouvert, décide de se tourner vers cette nouvelle console. Mais là où il fut un génie, c’est de prendre tous les fans au dépourvu, en annonçant la sortie du jeu seulement deux mois avant sa sortie en magasin. Cette annonce fait un buzz énorme au Japon et permit au jeu de se vendre comme des petits pains.

Techniquement, le jeu se hissa directement au top de l’exploitation de la console à cette époque. Les graphismes sont soignés et fins. Les personnages sont facilement reconnaissables grâce à un travail très minutieux sur ces derniers. Sincèrement, le soft reste encore l’un des plus beaux jeux de la console, même s’il a tout de même plus vieilli qu’un Final Fantasy 6. Les musiques signées Kenji Itô sont d’une qualité rarement atteinte pour le support.
Le jeu en lui-même se veut un mélange entre les deux premiers SaGa et le troisième, en gardant le meilleur des trois. Ainsi, nous pouvons toujours choisir entre plusieurs personnages (8 pour être exact) qui ont chacun une histoire. On pense alors à SaGa 3 et à ses ventes assez catastrophiques. Cependant, l’équipe de développement, Kawazu toujours en tête, a la bonne idée de proposer un scénario différent pour chaque personnage. Bien qu’au final il y ait beaucoup plus de scènes communes que de scènes jouables pour un seul scénario, c’est tout de même un grand pas dans l’histoire du J-RPG, ajoutant une grande part de liberté dans le jeu.

Les combats ne sont plus aléatoires, mais remplacés par des ennemis visibles et lorsque vous les touchez, le duel à plusieurs commence. C’est une très bonne idée, seulement elle est contrebalancée par un nombre ridiculement faramineux d’ennemis dans un environnement. De plus, les chances de commencer un combat en ayant été pris par surprise sont elles aussi ridiculeusement élevées, ce qui signifie souvent la mort rapide et sans douleur, sauf pour le joueur.

Niveau gameplay, on garde le système d’apprentissage de compétences audacieux, qui n’est alors que l’ébauche de l’apogée Romancing SaGa 3. Le système de combat devient également plus tactique par l’apparition des positions de combat. Par contre, toujours pas de durabilité d’équipement et c’est vraiment dommage.

Vous l’aurez compris, le jeu est une petite révolution sur l’époque : une liberté jamais atteinte dans un J-RPG, un challenge de taille et merveilleux. On ne sait malheureusement pas pourquoi, le jeu ne sortit pas en dehors du Japon malgré de meilleures ventes que les trois premiers SaGa réunis. Square réparera cette erreur en 2005. Un remake intitulé Romancing SaGa – The Minstrel Song sur PS2 fait son apparition au Japon et aux US, l’Europe étant encore boudée. Loin de se vouloir plus accessible, le soft est toujours aussi difficile et profite des améliorations de gameplay effectuées sur le deuxième et troisième épisode (positions de combat supplémentaires, Life Points), d’éléments de la première trilogie (durabilité des équipements, forge) puis des Frontier (Combos, attaques spéciales). Les musiques sont réorchestrées et la patte graphique se rapproche de celle d’UnlimiteD SaGa : un cell-shading maîtrisé, de toute beauté. Les nouveautés ne s’arrêtent pas là, car elles sont nombreuses, le terme de remake devenant mal approprié : un nouvel ajout dans le système de combat, les dialogues sont TOUS doublés, même ceux avec les PNJs, et j’en passe… Le jeu trouvera son public, mais ne fera pas beaucoup d’émules, en partie à cause des critiques qui jugent le jeu beaucoup trop difficile pour la nouvelle génération et aussi parce que les voix US sont assez casse-bonbon.

 

Romancing SaGa 2 ou comment enfoncer le clou

Romancing SaGa 2 est commercialisé en 1993 sur Super Famicom. Mr Kawazu joue encore la carte surprise d’annoncer l’arrivée du soft assez tardivement, mais seuls les fans du premier épisode se jetteront sur cet opus, et ils sont bien peu.

Loin de se reposer sur ses lauriers – le premier RS ayant satisfait en grande partie les désirs de monde ouvert de son créateur – l’équipe de développement nous propose de vivre l’aventure d’une bien curieuse façon. En effet, tout au long du jeu, vous jouez avec plusieurs générations d’Empereurs et Impératrices d’une même famille. L’histoire d’une génération se finit soit par la fin du scénario correspondant (qui correspond la plupart du temps à la vieillesse de l’Empereur en date) soit par la mort dudit Empereur. Malheureusement, le soft est encore une fois de plus vicieux dans son genre. Car si cette idée de génération (qui rappelle pas mal celle d’un certain DraQue) est très intéressante, elles se révèle des plus frustrantes: si votre Empereur meurt prématurément, vous ne connaîtrez pas la fin de son scénario, à moins de recommencer le jeu.

Le jeu gagne en beauté…

Cette frustration semble cependant être maitrisée : vous pouvez quand même finir le soft, même si vous ne connaîtrez pas toutes les ficelles du scénario. Et bizarrement, elle apporte une énorme replay value au jeu – oui, les joueurs sont masochistes en ce temps-là – surtout que l’on a pas l’impression de tout recommencer en passant à la génération suivante, l’héritier ayant on ne sait comment accès aux compétences et caractéristiques que son prédécesseur avant sa mort. Pour voir plus profondément, on peut remarquer que le gameplay de cet épisode ne change pas beaucoup par rapport à la première aventure. On retrouve donc le système de compétences et des positions de combats, en nombre plus importants ceci dit, vous permettant de faire face à bien des situations, le jeu étant encore extrêmement difficile. L’une des grandes particularités du titre, qui va avec les Empereurs et tutti quanti, est de pouvoir agrandir son empire. On peut posséder le monde entier. Pour les aficionados d’Ages of Empire ou bien de Risk, c’est un plus non négligeable.

On note aussi l’apparition pour la première fois dans la série l’apparition des Life Points, utilisés plus tard dans les autres épisodes dont le remake de RS. Lorsque vos points de vie tombent à zéro, vous perdez un LP et vous en perdrez encore si vous êtes frappés et ce jusqu’à la fin du combat. Si vous avez épuisé tout votre stock de LP, le personnage en question est retiré de votre équipe et vous ne pouvez plus vous en servir jusqu’à un passage dans une auberge. Un système fichtrement contraignant (il arrive que l’on finisse un passage du jeu avec un seul personnage très mal en point) mais génialissime, vous imposant d’avoir une stratégie complète et maîtrisée lorsque vous commencez un combat.

Contrairement à ce que vous pouvez penser, le jeu n’en devient pas excessif, les HP de vos personnages étant remis à bloc après chaque combat, comme dans Final Fantasy XIII pour ne citer que lui. Romancing SaGa 2 est donc la digne « suite » du premier et a su prouver ce qu’il a dans le ventre, par des graphismes encore une fois chatoyants et une bande son parfaite.
Parlons anecdote maintenant, car je sais que vous êtes tous assez commères dans le fond : Mr Kawazu n’a pas été satisfait de cet épisode. Même si les changements apportés au système de Romancing SaGa sont intéressants, son créateur estime cependant qu’il n’est pas assez poussé et va jusqu’à le qualifier de Romancing SaGa 1.5 lors d’une de ses interviews. Dommage, surtout quand les fans ont très bien accueilli cet épisode.

 

Romancing SaGa 3, l’apogée

Kawazu donc, non satisfait de son deuxième épisode pourtant très bon, réitère en 1995 avec Romancing SaGa 3. Je ne vais malheureusement pas détailler cet épisode, un test complet (de moi !) étant présent sur le site. D’après les dires de l’intéressé, le soft représente l’idée première qu’il se faisait du premier épisode. Une liberté impressionnante, une difficulté toujours draconienne, des graphismes aux petits oignons et une bande son majestueuse non plus de Itô mais de Hamauzu (Final Fantasy XIII, Musashiden…) et un scénario qui tient en haleine grâce à des personnages hauts en couleur. Une réussite donc.
Il va sans dire que la licence est alors censée s’arrêter, et qu’aucun fan ne s’attend à un épisode de plus, Romancing SaGa 3 représentant l’apogée de la série sur tous les points.

 

SaGa Frontier

Les deux épisodes que personne n’attendait sortent sur PSOne en 1997 et 1999. Le premier est plutôt mal accueilli à cause d’une ambiance futuriste qui ne colle pas tellement à la série (un peu comme le 3D et futuriste FF7 après un 6ème épisode plus conventionnel). Il reste cependant l’un des meilleurs jeux sur la console pour moi. On retrouve tout ce qui a fait le charme des épisodes SFC avec des graphismes et des musiques encore meilleures, PSOne oblige. Mais cette fois-ci chaque personnage a un scénario unique, là où les softs SFC se contentaient d’histoires parallèles sommaires, un peu comme si on avait 7 jeux en un. Le gampelay se rapproche aussi des épisodes GameBoy avec la réapparition des races.

Le deuxième n’est pas à mes yeux un SaGa. Rien n’y fait : choix des personnages restreint à 2, graphismes aquarelle entachés de pixels même pas cachés, musique plus que moyenne. Le scénario est bateau, la liberté qui faisait le charme de ses prédécesseurs (sauf les 3 premiers) a disparu, la difficulté aussi, de même que plusieurs des idées de gameplay innovantes des épisodes SFC. A vrai dire, ça ne m’étonne même pas que le soft soit arrivé jusqu’en Europe tellement il est médiocre et les joueurs de l’époque survitaminés à beaucoup de mauvais jeux – en tout cas plus qu’à l’ère 16 bits. Oui, SF2 est le premier de la série à parvenir en Europe et honnêtement, je m’en serais bien passé. Enfin bref le monde ne tourne pas autour de moi et si le soft ne portait pas la mention SaGa j’aurais peut être pu l’apprécier à sa valeur. Néanmoins SaGa Frontier 2 s’est bien mieux vendu que ce que Squaresoft espérait, les ventes s’élevant à plusieurs milliers d’exemplaires, score plus qu’honorable à cette époque.

 

UnlimiteD SaGa ou comment perdre les joueurs Européens en route

En effet, les joueurs européens ont pour la plupart découvert la série avec SaGa Frontier 2 et n’ont pas touché à un quelconque autre épisode, si bien que lorsque la série retourne à ses premières amours, les joueurs européens sont mécontents. Ils jugent que l’esprit de la série a disparu (tiens ça me rappelle FF8 ça) alors qu’ils n’ont joué qu’à un seul soft. Oui les joueurs sont idiots.

On avait même le droit à la preview de FFX-2 !

UnlimiteD SaGa sorti en 2002 sur PS2 n’est pas un mauvais jeu, mais il est très difficile, et en extraire sa substantifique moelle relève presque du miracle. Les déplacements se font comme sur un jeu de l’oie et toutes les actions se font via un menu. Le système de combat emprunte pas mal à la chance à cause d’une « roue » un peu comme Shadow Hearts mais 10 000 fois plus difficile à manier. Les GameOvers sont fréquents et les pauvres joueurs européens habitués à des softs faciles depuis la moitié de l’ère PSOne abandonnent vite.
Kawazu explique cependant facilement cet échec en Europe et US (le jeu s’est assez bien vendu au Japon, enfin du moins pour les ventes habituelles de la série) par le fait que son système de combat est en fait une ébauche de ce qu’il veut faire pour un autre épisode que l’on attend toujours d’ailleurs. UnlimiteD SaGa serait donc une sorte de bêta pour un hypothétique SaGa à venir.

Sur ce coup, je suis désolé de dire ça, mais Kawazu a déçu les fans de la série (les vrais), car cet épisode a entaché à tout jamais l’avenir de la série. C’est triste, mais il fallait bien que ça arrive un jour. Reste un soft plaisant à jouer pour les amateurs de jeux hyper supra difficiles.

 

SaGa est mort, vive SaGa !

La série a donc été à son apogée durant l’ère SFC, mais il n’y a rien d’étonnant à cela quand on connaît la petite perle de Nintendo. Il est dommage que la série ait perdu le peu de prestige dont elle jouissait car elle a été avant-gardiste dans bien des domaines. Je ne dirais qu’une chose : localisez les épisodes en Europe !
Et j’espère voir un épisode bien ficelé à l’avenir.

 

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