Donkey Kong Country 3 – Dixie Kong’s Double Trouble

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Genre: Plates-formes
Développeur: Rareware
Éditeur: Nintendo
Date de sortie: 1996
Nombre de joueurs: 1

Sorti en 1996, au moment où la Super Nintendo se faisait éclipser par la nouvelle génération de consoles et l’émergence de la trois dimension, Donkey Kong Country 3 est souvent considéré comme le parent pauvre de la série phénomène de Rare, une simple suite de suite…

 

Le nouveau monde

La première chose à préciser c’est que l’univers de Donkey Kong Country 3 est radicalement différent des deux précédents épisodes. On n’est plus dans un monde à la bananatmosphère, avec des jungles, des pirates, des cocotiers, du soleil, du sable chaud et des coquillages. Les décors s’inspirent davantage des paysages nordiques, avec des teintes froides et des environnements aussi variés que des lacs cristallins, des granges poussiéreuses, des forêts verdoyantes, des cascades rafraîchissantes ou encore des grottes glaciales. On rencontre même une famille d’ours aussi déjantée que la smala Kong. On rompt avec l’atmosphère ancestrale de la série, cela ne plaira pas à tout le monde, mais je ne pense pas qu’il faille se focaliser sur ce point, étant donné que l’univers de Donkey Kong Country 3 est tout aussi magnifique et surtout plus riche que ses prédécesseurs.
En effet, la principale nouveauté de ce troisième épisode c’est la carte du monde interactive. Fini le cheminement linéaire des deux premiers opus, désormais on est libre de nos mouvements, on peut déambuler à loisir sur la carte, en explorer chaque recoin, grâce aux différents véhicules que nous construit un Funky Kong plus cool que jamais. Petit à petit, on accède à des bolides de plus en plus performant qui permettent de naviguer à travers l’île et d’en découvrir, progressivement, tous les secrets. Car il faudra fouiller minutieusement les moindres bouts de pixels de la carte pour espérer finir le jeu à 103%. Pour la première fois dans la série, l’exploration joue un rôle important. On ne peut plus se contenter de finir les niveaux pour voir la fin du jeu, mais il faut également prendre le temps de parcourir, de connaître l’environnement. A ce titre, la famille d’ours est l’objet d’une quête à part entière, avec un réseau d’échange d’objets malicieux et inventif qui fait travailler les méninges et rend attachant tout ces plantigrades aux caractères aussi divers que variés. Le monde de DKC3 est ainsi riche et cohérent, annonçant la profondeur des univers que Rare s’apprête à élaborer pour la Nintendo 64 avec des titres comme Banjo Kazooie. On s’habitue vite à cette liberté, si plaisante et essentielle, qu’il est frustrant de revenir sur les parcours scriptés de Donkey Kong Country 1 et 2.

 

On prend (presque) les mêmes…

Pour le reste, Donkey Kong Country 3 reprend les bases solides du deuxième épisode, en les affinant. Le gameplay repose toujours sur un couple de personnage aux qualités différentes mais complémentaires. Cette fois-ci, on retrouve Dixie, la guenon aux longs cheveux blonds de DKC2, et son petit cousin Kiddy, un bambin poids lourd, qui remplace Diddy capturé par l’inamovible King K. Rool. Bien évidemment, Dixie est plus souple et peut atteindre des endroits en hauteur grâce à sa queue de cheval faisant office d’hélicoptère. Kiddy, pour sa part, est un mastodonte dans la lignée de Donkey, dont la force est impressionnante. Il peut tuer des ennemis très coriaces. Ce qui est intéressant avec ce couple de personnage c’est qu’on retrouve une complémentarité idéale, un équilibre qui n’a jamais été aussi juste et bien exploité dans la série. Le second épisode, notamment, avait le relatif défaut de proposer deux protagonistes aux caractéristiques à peu près identiques. Avec Dixie et Kiddy, la jouabilité est plus équilibrée et il faudra savoir jongler astucieusement entre les deux personnages pour arriver à ses fins. On peut toujours porter un singe sur le dos de l’autre et le lancer. Inutile de dire que selon que ce soit Dixie ou Kiddy qui porte, la trajectoire, la hauteur et l’impact du lancer varie énormément. Cette harmonie est pour beaucoup dans le plaisir que l’on éprouve à jouer à Donkey Kong Country 3.
On retrouve également les amis animaux, tels Enguarde l’espadon, Squitter l’araignée ou Squawks le perroquet. La grosse nouveauté c’est la présence d’Ellie, une éléphante (ça se dit ?), qui fait d’emblée partie des bêtes les plus attachantes de la série. Elle peut aspirer de l’eau et la projeter pour tuer des ennemis, elle peut également attirer des tonneaux grâce à sa trompe, les jeter ou les déposer délicatement dans l’eau pour créer un passage flottant, par contre elle a peur des rats. Autant de capacités à exploiter soigneusement pour franchir les épreuves qui attendent le joueur. En somme, la jouabilité est instinctive, naturelle, la synthèse idéale et aboutie d’une formule initiée par le premier épisode de la série.

 

… Et on recommence

Le principe et le déroulement de l’aventure restent également les mêmes depuis le début de la série. On arpente des niveaux (une quarantaine), répartis en huit mondes, qui dissimulent les désormais classiques tonneaux bonus. Si on peut tout à fait finir un niveau sans se soucier du reste, il faudra impérativement trouver tout ces tonneaux bonus pour espérer finir le jeu à 103% et débloquer tout les secrets. Les bonus sont, en général, bien cachés et il faudra être attentif et curieux pour tous les trouver. Enfin ils semblent quand même moins difficiles à dénicher que dans le 2. Ces tonneaux bonus permettent de gagner des pièces, que l’on peut ensuite utiliser dans le monde perdu pour “acheter” des niveaux supplémentaires.
Mais il existe une multitude d’objets à récolter pour mener à bien la quête des 103%. Parmi eux, les pièces DK, déjà vues dans le 2, mais qui s’obtiennent désormais en tuant un ennemi précis qui se protège avec un bouclier. En fait, il faut arriver à prendre cet adversaire par derrière avec un tonneau en acier. Plus facile à dire qu’à faire, c’est souvent un casse tête avant de trouver la bonne manipulation à accomplir, mais c’est gratifiant de récupérer une pièce DK. Beaucoup plus nombreuses et aisées à récupérer, les pièces ours servent de monnaie d’échange sur l’ïle, on en aura besoin pour traiter avec les plantigrades qui fileront des infos et des objets contre des espèces sonnantes et trébuchantes. D’ailleurs, le réseau d’échanges entre les ours implique des objets aussi divers que loufoques, il faudra trouver la logique interne à cette sorte de puzzle game, pas bien compliqué, mais plongeant un peu plus le joueur dans l’univers attachant de l’île, le poussant à explorer l’environnement. Ce sera surtout essentiel pour récupérer les mystérieux mais indispensables oiseaux bananes, des bestioles particulières qui trouveront leur utilité au moment crucial.
Les différents mondes traversés sont moins proches de l’atmosphère originelle mais n’en sont pas moins excellents. C’est surtout le level design qui scotche. Les niveaux sont parmi les meilleurs de la série, le juste équilibre entre l’immédiateté presque arcade du premier et la complexité du second. Ainsi, on peut faire et refaire les niveaux sans se lasser tant ils sont bien pensés, harmonieux et élaborés avec savoir-faire, fournissant au moins autant d’idée que Diddy’s Kong Quest. J’en veux pour preuve les passages dans les granges avec les portes à ouvrir, le niveau stressant de la scie, celui de la course contre la montre, ou bien encore des trucs retords comme les tuyaux en apesanteur ou le stage qui inverse totalement les directions. On doit même, à un moment, éviter une cible qui nous vise tout au long du niveau, une cible que l’on peut d’ailleurs contrôler un court instant pour dégommer tous les ennemis à l’écran. Sans parler du monde perdu, qui réserve quelques surprises avec des niveaux dantesques. Les boss, quant à eux, sont encore plus gigantesques, avec des duels anthologiques contre un tonneau roteur, une araignée géante, la bataille de boules face à un bonhomme de neige ou les inévitables combats finaux contre King K.Rool. Avec Donkey Kong Country 3, Rare atteint ainsi, un level design de très haut niveau.

 

Une technique toujours au top

Graphiquement, le jeu est sublime, c’est le plus bel épisode de la série. L’esthétique nordique est magnifiquement retranscrite dans les graphismes. L’ambiance en devient plus froide, moins chaleureuse, mais l’épisode n’en est que plus attachant en se démarquant des autres opus. Les paysages en montagne sont superbes avec des arrière plans somptueux. L’eau, sous toutes ses formes, est également très présente, que ce soit dans le premier monde avec des lacs immenses aux eaux cristallines, ou bien plus loin quand on frole des cascades vertigineuses, le joueur passant tantôt devant, tantôt derrière, dans un excellent effet de transparence. Le boulot de Rare est une nouvelle fois de très grande qualité, Donkey Kong Country 3 est définitivement un des plus beaux jeux de la Super Nintendo, tant sa cohérence graphique est en tout point parfaite.
Il en va de même pour les musiques, qui ont toujours été très soignées dans la série. Ici, elles sont toutefois moins groovantes que dans les deux premiers épisodes. Un peu à l’image des graphismes, l’ambiance musicale s’adapte à l’atmosphère boréale du jeu. Ainsi, les sonorités se font plus glaciales, avec des tonalités plus rafraîchissantes. On retiendra la musique des niveaux sous marins, plus magnifique que jamais, dans un style évanescent, ou le thème des grottes qui est plus rythmé que le reste de la bande son. Quoique, celui de la bande d’ours est pas mal non plus, lorgnant vers une rengaine jazzy qui varie selon la personnalité des plantigrades à qui l’on a à faire. La maitrise des nuances est plus que jamais à l’ordre du jour et Rare nous livre une nouvelle fois une partition de haute tenue.

 

90%
Parfait

Donkey Kong Country 3 - Dixie Kong's Double Trouble

Bien plus qu'une simple suite, Donkey Kong Country 3 est l'aboutissement de la trilogie. Autant dans le fond que dans la forme, ce troisième épisode transcende les deux premiers volets. Certes on pourra toujours lui reprocher de ne pas coller avec l'atmosphère originelle de la série, et de reprendre les bases principales de Diddy's Kong Quest. Mais c'est oublier les apports du jeu, comme la carte qui offre une grande liberté de mouvement et une immersion inégalée, ou des niveaux qui n'ont jamais été aussi plaisant à jouer, grâce à un level design excellent, truffé de subtilités. Par contre, Donkey Kong Country 3 semble plus facile que le 2, en partie en raison de la difficulté des niveaux qui paraît plus équilibrée. Si certains réservent de bonnes prises de têtes, notamment ceux du Monde Perdu, il n'y a pas grand chose de comparable avec les stages dans les ruches emplies de miel, celui de la tempête, des ballons volants ou des ronces envahissantes que l'on croise dans le second volet. D'autre part, la progresion est moins contraignante car on peut sortir d'un monde et sauvegarder quand on veut, sans avoir besoin de payer. Donkey Kong Country 3 est vraiment l'épisode le plus souple et donc le plus plaisant à jouer, même si certains pourront regretter une difficulté pas assez élevée. La durée de vie reste néanmoins bonne, dans la moyenne de la série : compter une dizaine d'heures la première fois, puis environ trois heures quand on connaît mieux le jeu.
Maintenant tout dépend de l'affinité de chacun, à savoir si on est trop attaché au monde exotique des deux premiers Donkey Kong Country, ou si on peut passer outre et profiter comme il se doit d'une aventure excellente, largement à la hauteur des précédentes. Donkey Kong Country 3 est sorti un peu dans l'ombre, au moment où la Super Nintendo vivait ses dernières heures, mais on ne doit pas occulter cet épisode qui n'est rien de moins que l'apothéose d'une série culte et donc un des tout meilleur jeu de plate forme 2D existant.

  • Graphisme
  • Musique/son
  • Jouabilité
  • Scénario
  • Durée de vie

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