Final Fantasy VI

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Genre: RPG
Développeur: Squaresoft
Éditeur: Squaresoft
Date de sortie: 1994
Nombre de joueurs: 1

 

Un pavé d’or dans mon karma !

Tout le monde a déjà parlé en long, en large et en travers de ce mythe qu’est Final Fantasy VI. Pour ma part, Final Fantasy VI est en quelque sorte MON jeu : des quelques centaines de jeux que j’ai eu l’honneur d’achever, aucun ne m’a autant ému que ce sixième volet de Final Fantasy. Aucun autre n’a provoqué un tel amour pour le jeu vidéo, un tel tremblement de terre émotionnel, que le reste de la production ne peut sembler que fade, sans saveur. Bien que Final Fantasy VI soit mon jeu préféré, le jeu de ma vie, je me suis toujours refusé à écrire la moindre ligne à son sujet, craignant d’être incapable de rendre justice à ce mythe, de traduire ma vision personnelle de ce titre. Aujourd’hui, ce n’est pas de “Final Fantasy VI”, un nom bêtement générique, que je vais parler mais de MON Final Fantasy VI, pas au sens de l’appropriation mais en terme de vision personnelle.

 

Au royaume du RPG, Final Fantasy reste roi…

Ce qui fait de Final Fantasy le mythe qu’il est, c’est sans doute sa beauté. Pas simplement technique ou esthétique, mais plutôt sa beauté insaisissable qui ne cesse de fasciner. Final Fantasy VI trône comme un empereur sur le royaume du RPG, comme un père fondateur qui a marqué le passage de l’origine à la maturité, de la même manière qu’un Street Fighter 2. Il y’a eu un “avant” Final Fantasy VI et un “après”, et aujourd’hui encore, peu de jeux peuvent se targuer d’être aussi aboutis que ce dernier en tant qu’expérience de jeu totale. Parce qu’il a marqué la rupture définitive par rapport à ses aînés, par rapport au genre lui-même. Parce qu’il est le premier à parvenir à transcender l’expérience du jeu pour devenir un monolithe inattaquable, le synonyme d’une expérience unique.
Parce qu’il est bien au-dessus de toutes les considérations que l’on peut lui porter. Final Fantasy VI est tout simplement le plus beau jeu du monde et son éclatante beauté et son unicité en deviennent si pesantes que la réaction ne peut être que violente à son égard : renier ou aduler. J’ai choisi mon camp et je lui voue un culte sans précédent, parce que plus de dix années après sa sortie, aucun titre n’a pu me procurer semblable émotion.
Et même si j’ai été le seul à souffler les bougies de son dixième anniversaire en 2004, ma foi dans ce jeu reste intacte. Ces musiques sublimes qui se sont chargées d’émotions diverses résonnent dans ma tête et le simple fait de relancer le jeu aujourd’hui me remplit d’émotion.

 

Plus qu’un scenario, une épopée romanesque !

Ces souvenirs accumulés au fil des années de pratique, cette perfection qui se dégage du moindre de ses chaleureux pixels sont les échos d’une gloire passée mais éternelle. Un bon jeu est un bon jeu pour toujours, malgré les ravages du temps. Comment rester de marbre face à un titre qui propose une telle accumulation de destinées tragiques, de luttes contre le passé motivées par un seul mot : “espoir” ? Ainsi, chaque scène de Final Fantasy VI en devient un véritable régal, d’une puissance émotionnelle bouleversante.
La réunion de deux frères séparés par le destin, l’un devenu roi, l’autre ayant choisi sa liberté, qui se retrouvent des années après la tragique mort de leurs parents, et qui se réconcilient pour l’honneur de leur royaume. L’opéra d’une combattante qui ne connaît que la guerre depuis sa plus tendre enfance et qui s’ouvre à un monde dont elle ne soupçonnait même pas l’existence, le monde de la vie, le monde de l’amour. La destinée d’une personne issue de deux peuples, étrangère chez les deux, qui cherche à donner un sens à sa vie qui finit par trouver sa voie dans le don de soi pour les autres, pour que les enfants puissent vivre, pour qu’après ces dures batailles, l’espoir perdure. Un enfant rejeté par la cruelle civilisation, qui se plaît à vivre au milieu des animaux (résonance du mythe de l’enfant sauvage) et qui parvient à avancer pour se trouver confronté à son triste passé.

La rédemption d’un mystérieux personnage au lourd passé qui veille anonymement sur ceux qui lui sont chers, sans jamais montrer le moindre sentiment. Si il y’a un trait qui caractérise les personnages de Final Fantasy VI, c’est bien la domination du passé sur leur vie respective, une domination dont ils doivent se détacher, se libérer pour trouver leur voie. Final Fantasy VI est une ode à la diversité humaine, sous toutes ses formes, avec le même message qui s’adresse inlassablement à tous : un message d’espoir.
Chacun porte son fardeau et l’on ressent une innommable empathie pour ces personnages auxquels on est forcé de s’identifier à chaque instant. Chacun porte au fond de lui les stigmates de son passé, qui le dépassent, qui le nourrissent et qu’il finit par dépasser pour retrouver l’espoir, la lumière. Avoir fait un jeu sans héros a peut-être été le plus grand coup de génie de Squaresoft à ce jour, car chaque personnage génère une identification et un rapport étroit avec le spectateur en terme d’émotion.

Il porte les doutes de ses avatars, que l’on entraîne vers un destin inéluctable mais chargé d’espoir, de joies et les peines de ces petits pixels, auxquels les créateurs ont donné une âme. Sans chercher des schémas narratifs complexes, Final Fantasy VI nous présente l’humanité sous de multiples facettes et la richesse de ses thèmes n’a d’égale que la justesse de leur traitement.

 

Ne plus dormir , ne plus manger, seulement rêver…

Le monde de Final Fantasy VI explose la barrière qui existe entre le joueur/spectateur et son objet pour faire irrémédiablement partie de lui, devenir une portion de son existence. Il n’est pas possible de plonger son âme dans Final Fantasy sans rien ressentir, lui qui est peut-être le jeu le plus poignant de tous. Tirer la substance, l’essence de Final Fantasy VI provoque immanquablement un éclatant jaillissement, tant un sentiment de profusion et de maîtrise hante le moindre de ses détails.
Comment des petits personnages faits de pixels et de couleurs peuvent à ce point nous émouvoir ? Final Fantasy VI parvient à nous toucher au plus profond de notre âme, par la puissance de ses thèmes et de ses scènes. Pour une fois, les personnages secondaires ne sont pas simplement posés pour faire avancer l’histoire et aider le développement du héros.
Chaque scène tutoie l’excellence et l’avancée s’enchaîne à un rythme qui n’a tout simplement jamais été égalé. Les passages inoubliables succèdent aux séquences d’anthologie et parviennent à nous troubler profondément. Que ce soit l’escapade du château de Figaro, l’attaque d’une base impériale, la séparation des personnages ou le fantastique opéra, chaque scène provoque une émotion si intense que l’on se retrouve propulsé, de gré ou de force, en plein milieu de ses personnages, au centre d’événements qui nous dépassent.

 

Réalisation divine…

Final Fantasy VI n’est pas en reste en matière de game design, avec un système de combat arrivé à maturité, simple mais qui cache de nombreuses subtilités. Chaque personnage dispose de son propre gameplay dans les combats et les stratégies naissent de ces différences, qui permettent de caractériser au maximum chacun d’entre eux.
Ainsi, Mash effectue ses coups spéciaux selon les manipulations, à la manière de Street Fighter (quart de cercle par exemple), alors que Cayenne doit charger ses attaques. L’inclusion d’un gameplay et d’une méthode de progression différents crée une véritable richesse dans les combats et de nombreuses idées de ce volet en particulier seront reprises dans les autres jeux du genre.
Atma Weapon est juste legendaire.
Que dire également de l’alternance des phases de jeux, avec des passages d’infiltration, de confrontation dans une base, la séparation des personnages à un moment clé ou les batailles que l’on peut jouer en groupe ? Final Fantasy VI est d’une densité et d’une richesse peu communes, aucune scène ne ressemble à la précédente, comme les deux mondes très différents, l ‘un complètement linéaire et l’autre complètement ouvert. A tout point de vue, Final Fantasy VI tend vers le chef-d’œuvre à la finition parfaitement maîtrisée, qui montre ce qu’un jeu au concept classique peut donner s’il est parfaitement exécuté, avec ingéniosité et sensibilité.

 

98%
Incroyable

Final Fantasy VI

Il y'a une phrase qui résume à elle seule toute la thématique du jeu : le mythe de la boite de Pandore qui a déversé les maux parmi les êtres humains mais dans laquelle se trouvait, tout au fond, une ultime lueur d'espoir. L'espoir est le thème le plus intense, celui qui explose dans Final Fantasy VI pour se disperser et redonner du sens à une humanité qui a tout perdu.
Ce jeu n'a pas été crée et programmé, il a été rêvé. Il transcende le statut de jeu vidéo pour en devenir une oeuvre majeure capable de faire ressentir des émotions d'une puissance rare. Il ouvre la voie, non pas un jeu vidéo tel qu'il est mais tel qu'il doit être, une oeuvre complète capable de bouleverser le joueur, tout en restant un jeu vidéo. Métaphore de l'humanité, Final Fantasy VI est le plus beau jeu du monde.

  • Graphisme
  • Musique/son
  • Jouabilité
  • Scénario
  • Durée de vie

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