Illusion of Time

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Genre: Action RPG
Développeur: Quintet
Éditeur: Enix
Date de sortie: 1995
Nombre de joueurs: 1
Note générale

De son vrai nom Gaia Gensouki et suite spirituelle de Soul Blazer. Enix (Nintendo en France) vous transporte dans un univers tres original pour l’époque. Action RPG de très bonne facture.

 

 

Présentation

Illusion of Time, développé par Quintet et publié en 1994 par Enix, fait partie de la trilogie informelle initiée avec Soul Blazer et se terminant par Terranigma. Bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’épisodes, l’histoire et l’ambiance de chaque titre étant assez éloignés, on retrouve certains éléments en commun, tels des ennemis ou des noms de lieux importants.
Même si le jeu bénéficie d’une traduction Française intégrale, il est plus agréable si l’on est anglophone de privilégier la version Américaine. En effet, certains choix de traduction sont plus que discutables. A commencer par le titre même du soft. Étrangement, le jeu s’intitule Illusion of Gaia outre atlantique, et se retrouve débaptisé sous nos latitudes sans que rien ne puisse justifier cette adaptation. De même, incarner Will en version US ne donne pas tout à fait la même impression qu’incarner…Paul en Français ! Dans un même ordre d’idées, vous imagineriez-vous par exemple endosser le rôle de Lien dans Zelda ? (traduction française littérale de…Link ???) mis à part, préparez-vous à embarquer dans une épopée qui vous transportera dans des ruines majestueuses et des contrés insolites, à la rencontre de personnages singuliers et d’ennemis dangereux. La routine pour nous gamers, en somme !

 

 

Scénario

Une comète maléfique menace la terre de ses radiations destructrices, condamnant toute forme de vie à être réduite sous peu à l’état de monstre. Avouez que vous êtes tout de même sacrément malchanceux : cette comète est sensée revenir tous les 800 ans, et il faut qu’elle tombe sur vous ! Armé seulement de votre fidèle flute, vous voila chargé par Gaia de parcourir le monde pour récupérer 6 statues mystiques qui seules permettent d’éviter ce péril, tout en essayant au passage de retrouver la trace de votre père. Vous serez accompagné pour cela par une clique hétéroclite composé de vos amis d’enfance et de quelques autres rencontres de hasard, telle une princesse en mal d’aventure et un inventeur ermite.
Clairement, on ne peut pas parler d’une originalité débordante à la lecture de ce scénario. Cependant, la façon dont sont amenés les évènements est fluide, et les péripéties seront nombreuses. Pour mener à bien sa quête, Will…euh…Paul sera épaulé par Gaïa, divinité gardienne de la terre et point de sauvegarde à mi-temps. Celle-ci lui permettra de changer d’apparence, prenant les traits de Chrysaor (Freedan en version US), un preux chevalier versé dans les arts de l’épée, ou de Liquéfia (Shadow US), une entité d’énergie aux nombreux pouvoirs destructeurs.
Si cette aventure commence de manière classique, l’une des forces du soft est d’aborder des thèmes peu évidents dans un jeu destiné à un public jeune : L’esclavage, la famine, la maladie, la mort sont assez présents dans le jeu, qui possède ainsi une face sombre inattendue.
Face à ces thèmes délicats, les alliés du héros font bien pale figure : fades, sans vraie personnalité hormis la princesse qui est horripilante, ils subissent en général les évènements en spectateurs décontenancés. S’ils évoluent quelque peu au cours de l’aventure, la princesse passant ainsi de l’infréquentable au tout juste supportable, les autres abandonnent en général en cours de route lorsqu’ils réalisent que ce qu’ils cherchent dans la vie se trouve sous leurs yeux. Pas vraiment une leçon de choses, cet aspect donne plutôt l’impression d’une bande de gamins lâchés dans un monde trop adulte pour eux. Et certaines longueurs dans les cutscènes les impliquant achèvent de nous les rendre désagréable.

 

 

Graphismes

Clairs et colorés, les graphismes sont agréables à l’œil, et certains décors des ruines que vous visitez sont magnifiques. A l’inverse, certains donjons sont vides et peu inspirés, et les textures sont souvent recopiées à l’identique, seul la couleur changeant quelque peu.
Le character design du personnage principal et de ses avatars est réussi, Paul est frêle mais crédible en tant que jeune premier; Chrysaor est une montagne de muscles en armure assez impressionnante ; enfin, votre 3ème incarnation, Liquéfia, est une entité surnaturelle dégageant une puissance visible.
À l’inverse, le design des personnages secondaires est incroyablement pauvre : ceux-ci se différencient à peine les uns des autres, et sont souvent habillés d’une seule couleur. Tout cela ajouté à leur faible rôle scénaristique fait que l’on ne s’attache que très peu à eux, et leur nom (mal traduit, l’ai-je déjà dit ?) tombe vite dans l’oubli. Ce sera « le perso vert » ou « le perso violet », et ce qu’il leur arrive meuble passablement entre deux donjons.
Les ennemis sont variés, certains revenant parfois sous différentes teintes synonymes de force/résistance accrue, sans que cela ne gène l‘expérience de jeu.
Mention spéciale aux boss, qui bien que rares sont en général immenses et bien animés.

 

 

Gameplay

Simple, très simple, mais efficace : un bouton d’attaque, un bouton de garde et un bouton d’objet, c’est tout. Quelques manipulations basiques permettent de varier les coups. Ainsi, pendant que l’on attaque avec Paul, en maintenant le bouton et en pressant une direction on réalise un coup sauté, légèrement plus puissant qu’un coup normal. D’autres astuces de ce type sont réalisables avec Chrysaor, un peu moins avec Liquéfia qui dispose de base d’une puissance brute ! A cela, s’ajoutent quelques attaques spéciales glanées au cours du jeu, souvent à base de charge (laisser le bouton appuyé pour accumuler l’énergie), mais au final rarement utilisées en dehors de quelques puzzles. Car ces capacités permettent le plus souvent une interaction avec l’environnement : casser des murs, activer des interrupteurs à distance, etc. Des pouvoirs de télékinésie vous permettent aussi de récupérer les orbes laissés par les ennemis, 100 de ces orbes faisant office de vie supplémentaire.

Un tout petit côté RPG se glisse dans cette équation : vous serez amené à faire progresser votre attaque, votre défense et votre barre de vie tout au long du jeu. Ceci se fait d’une manière originale : il faut battre tous les ennemis d’une zone pour récupérer un de ces trois power up. Très satisfaisant pour les perfectionnistes, ce système peut être plus délicat pour les joueurs inattentifs. Heureusement, un radar vous signale la position générale des ennemis par rapport à la votre, et surtout le nombre restant de ceux-ci. Le jeu vous force aussi à un leveling minimum, certains passages ne s’ouvrant que lorsque tous les ennemis sont vaincus, donc en récupérant par la même occasion un upgrade.

Mais venons-en à ce qui fait le véritable intérêt du jeu : le level design. L’exploration de lieux dangereux sera votre pain quotidien, et force est de constater que la dite exploration sera vraiment très agréable. Les donjons sont en général composés de salles rattachées à une zone centrale, qui sont à explorer à tour de rôle pour atteindre l’objectif final, souvent une des fameuses statues gardées par un boss. Grands, variés, proposant des énigmes sensées d’un niveau de difficulté en général très abordable, ces donjons qui s’enchainent parfois assez rapidement sont la véritable raison qui vous fera revenir vers Illusion of Time avec plaisir. A l’exception de quelques niveaux plus faibles, Ils laissent un souvenir impérissable à qui s’y est frotté une fois. Certains, reposant parfois sur un design beaucoup plus « labyrinthesque », sont un peu moins agréables, tel le royaume de Mu. L’aspect labyrinthe est surtout compliqué du fait que les décors atroces de ce niveau se ressemblent absolument tous, et l’on est assez vite perdu et privé de point de repère valable.
Parfois le design est vraiment extravagant, et contraste avec l’aspect relativement sérieux du reste du soft.

 

 

Musique

Pas forcément le point le plus fort du jeu. Si le thème d’intro est assez plaisant et suggère bien un titre plein d’aventure, on déchante parfois par la suite. Certains thèmes sont vite lassants, comme celui de la première ville qui est tout simplement horripilant au bout de deux minutes. Les thèmes des donjons suggèrent bien une action endiablée, mais se focalisent en général trop sur des ruptures de rythme et des augmentations de volume fréquentes. On a ainsi l’impression d’atteindre un climax toutes les deux minutes. Enfin et surtout, certains morceaux reviennent trop souvent, créant une lassitude rapide. Par contre, le titre se rattrape sur les moments plus contemplatifs, ou la musique est plus mystérieuse et crée une ambiance vraiment plus agréable. Certains instruments, comme la flute de pan, sont bien retranscrits, et en général la bande son s’adapte à l’ambiance du lieu. S’il est peu probable que vous vous souveniez d’une musique du jeu 2 ans après y avoir joué, l’ensemble reste de bonne facture et permet de s’immerger facilement dans l’aventure qui vous attend.
Les bruitages sont sommaires, mais efficaces. Les projectiles se brisant sur votre garde produisent un son métallique, le bruit du feu est bien rendu, et quelques autres « plop » et « bing » émailleront votre aventure. Rien de transcendant, mais suffisant. Souvent empruntés à Soul Blazer, ou repris dans Terranigma, ces bruitages vous mènent en territoire connu.

 

 

Difficulté/durée de vie

N’y allons pas par quatre chemins, Illusion of Time est un jeu simple. Les ennemis de base opposeront assez peu de résistance, surtout lorsque Paul se transforme. En effet, en plus d’une hitbox (la zone représentant l’endroit ou les ennemis peuvent toucher le personnage) assez réduite, les angles d’attaque modifient radicalement les coups de certains ennemis. Ainsi, si ceux-ci attaquent droit devant eux vers le bas, ils peuvent attaquer en courbe sur le côté, passant au dessus de Paul à cette occasion. Ajoutez à cela un recul important de ces ennemis lorsqu’ils sont touchés et une garde de Paul très efficace, et vous comprendrez que l’on est rarement en difficulté dans les combats normaux. Les orbes laissés par les ennemis vous confèrent des vies supplémentaires, vous permettant de reprendre juste au début d’une zone en cas de défaite plutôt qu’à la dernière sauvegarde. Cependant, les ennemis de la fin du jeu peuvent se montrer plus féroces, mais ne représentent rien d’insurmontable.
A l’inverse, les boss sont en général imposants et attaquent assez fort, et ne sont vulnérables qu’à certains moments. Ceux-ci relèvent un peu la difficulté mais restent accessibles, même s’il faudra parfois vous y reprendre à plusieurs fois pour en triompher.
Linéaire à l’extrême, le jeu se parcours environ en une quinzaine d’heures la première fois. Les quêtes annexes sont quasi absentes, à l’exception de la recherche des joyaux de feu. Ceux-ci sont disséminés dans tous les environnements que vous parcourez, et sont parfois sacrément bien cachés. Ce qui est très frustrant : le jeu empêchant les retours en arrière, tout rubis oublié est (quasiment toujours) irrémédiablement perdu. La quête des 50 joyaux est donc le morceau de bravoure d’Illusion of time, et sa difficulté contraste avec la facilité du reste du jeu. Cependant, les collecter tous vous donnera accès à une surprise inattendue, un bon prétexte pour refaire le jeu en inspectant chaque recoin à fond.
Des cutscènes scénarisent l’ensemble, mais reposent parfois sur un mécanisme d’attente vite agaçant : ainsi, lorsque Paul se retrouve enfermé dans une cellule, il faut bien 5 minutes d’inactivité avant que l’on puisse à nouveau continuer l’histoire. De même sur un radeau de triste mémoire…

 

84%
Très bon jeu

Illusion of Time

Linéaire et assez facile, Illusion of Time possède quand même une vraie ambiance, et le gameplay agréable ainsi que l’exploration dans ce qu’elle a de meilleur contribuent à une expérience de jeu très plaisante. En restant centrés sur l’action et la découverte, vous aurez plaisir à parcourir des lieux variés et des ruines remplies de pièges. Heureux compromis entre un Zelda et un Secret of Mana, sans avoir l’ambition de posséder la profondeur ni la complexité de ces titres, Illusion of time peut constituer une formidable initiation pour les néophytes, et se parcours agréablement en sifflotant pour un joueur chevronné. Si l’on met de côté une traduction française peu inspirée et une musique parfois inégale, on peut tout de même affirmer que nous sommes en présence d’un très bon jeu !

  • Graphisme
  • Musique/son
  • Jouabilité
  • Scénario
  • Durée de vie

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